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Pour guid'asso, RDV à prendre par courriel guidasso[@]ressonslelong.com


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En cas d’urgence, un militaire de permanence téléphonique répondra à toutes les attentes du public et sera chargé de prendre toutes les dispositions nécessaires pour satisfaire l’accueil au portail de l’unité.


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soins à domicile 24h/24
permanences sur RDV au cabinet
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Mémoires Vivantes
L'action "mémoires vivantes" est venu grâce à Patrick FERTE qui nous faisait remarquer que les anciens du village tendaient à partir, et avec eux, partait une partie de la mémoire de notre village. Il se revélait important de consigner cette mémoire.

Entretiens avec :
Maurice JARDEZ, Janine BLEWINSKA, Germaine LUCOT, Roger FIQUET, Raymond et Jacqueline DEVILLERS, Lionel ROGER, Jean PETIT, Roger CARRIER, Marthe MILCENT

images et son : Bruno LENCEL
montage : Bruno LENCEL et Nicolas REBEROT
interviewers : Dominique VAN ZUILEN, Patrick FERTE et Nicolas REBEROT



Personne célèbre : Constant HURET
  Bordeaux-Paris
Créée en 1891, la course cycliste Bordeaux-Paris a connu 86 éditions, la dernière en 1988. Cette épreuve était unique en son genre, par sa longueur d'environ 600 km et par son déroulement. Pendant la seconde partie du parcours, le coureur se plaçait derrière un engin motorisé appelé derny, conduit par l'entraîneur, afin de réduire la résistance de l'air, ce qui lui permettait d'atteindre des vitesses de l'ordre de 50 à 60 km/h. Ce règlement a cependant subi de nombreuses adaptations successives.

BOL D'OR (24 Heures sur piste)
Epreuve française sur piste avec "entraîneurs" crée en 1894 par M. Decam, Directeur de "Paris-Pédale", et parrainée par les Chocolats Meunier. Cette épreuve fut disputée sur différents vélodromes : Paris-Buffalo, Vel' d'hiv', Roubaix, Parc des Princes, Vincennes, Bordeaux. Tour à tour furent utilisés au fil des années des tandems, tandems à pétrole, motos, et dernys. Le record de la distance parcourue revient à Honoré Barthélémy en 1925, avec 1 035,114 km en 24 heures.

Huret Constant , surnommé "le Boulanger" (Baker), de Ressons, France ( janvier 26 , 1870 - septembre 18 , 1951 ) était un cycliste d'emballage de voie de fond . Il a gagné la course de route de 600km Bordeaux-Paris (connue sous le nom de Derby de la route ) en 1899 et tenu le moment de gain de disque pendant 34 années. Il était également le champion 1900 de velodrome du monde et a gagné le d'Or de Bol quatre fois.

Il est dépeint en La Chaine Simpson par Henri De Toulouse-Lautrec emballant pour l'équipe à chaînes de Simpson.

Résultats:
en 1894 Gagnant Bol d'Or, Paris (24 courses d'heure), recordman du monde des 24 heures (736kms), recordman du monde des 100kms

en 1895 Gagnant Bol d'Or, Paris, recordman du monde des 6 heures, recordman du monde des 24 heures (829.498kms)

en 1896 Recordman du monde des 6 heures, recordman du monde des 100kms

en 1897 Recordman du monde des 6 heures, Recordman du monde des 24 heures (909.027kms), recordman du monde des 100kms

en 1898 Gagnant Bol d'Or, (Roubaix)

en 1899 Gagnant voyage de distance Bordeaux-Paris

en 1900 Champion du monde plus de 100 km

en 1902 Gagnant Bol d'Or, Paris, recordman du monde des 6 heures


ARCHIVES COMMUNALES

« l’un des plus prodigieux coureurs de fond que nous ayons connus ».

Constant Huret dit « le grand Constant » est né à Ressons le Long le 26 janvier 1870.

Dans un article écrit dans les années 40, par Paul Espeit, journaliste sportif, il est cité avec Fausto Coppi et Henri Van Steenbergen parmi « les incimparables du cyclisme ».

De cet article, nous extrayons ce qui suit :

« passé du fournil du boulanger au quartier des coureurs, après des débuts difficiles, Huret se distingua dans les courses de 6, 12 et 24 heures alors à la mode.

Son palmarès

-vainqueur de Bordeaux-Paris en 1899, 594 km et sur quelles routes ! en 16h35mn soit à 36km/h de moyenne. Entraineur : l’auto rudimentaire de René de Knyff (Panhard-Levassor)

-champion de France de demi fond en 1894

-champion du monde de demi fond en 1900

- vainqueur du Bol d’Or (24h sur piste) en 1894, 1895, 1898 et 1902

- recordman du monde de la distance parcourue en 24 h

1893 736km

1895 829.498km

1897 909.027km

- recordman du monde des 100km en 1894, 1896 et 1897

a noter que l’ex mitron détient à jamais les records derrière entraîneurs humains de la distance parcourue en 6, 12 et 24 h. Evidemment on ne s’attaque plus guère aux records de Huret. N’empêche qu’en fonction de la supériorité qu’il étala alors, on ne voit pas qui aurait pu lui être comparé.

Huret avait la conduite d’un parfait gentleman. En 1894, il alla avec l’américain Wheeler entraîner à tandem le fameux amateur anglais Shorlandt qui battit le propre record du monde des 24 h de Constant Huret avec 741km. Huret reprit le record l’année suivante.

Constant Huret ne fut pas seulement un coureur incomparable : il sut s’élever moralement et écrivit ses mémoires en un style on ne peut plus plaisant »

Paul Espeit



Voici quelques extraits de ses mémoires : « Ma vie, mes souvenirs »qui ont paru en feuilleton dans l’Echo des sports en 1932

« je suis né à Ressons le Long, petit village du soissonnais, le 26 janvier 1870. Mon père était jardinier (de Mainville), ma mère une brave paysanne cousine germaine de mon père Huret Huret.

A l’âge de 12 ans, j’obtins mon certificat et je quittais l’école pour travailler. On me plaça chez un avoué à Soissons comme petit clerc. Je restais chez cet avoué trente mois. J’avais forci. Mes parents firent de moi un boulanger. Ils m’engagèrent à Soissons.

A l’âge de 18 ans, j’étais un ouvrier parfait. Je travaillais alors à Vierzy. Lorsque je fus libéré du service militaire, je repris comme à regrte mon métier de boulanger mais ayant de plus en plus la passion du vélo et des compétitions.

En 1893, je travaillais à St Bandry.

Le samedi 24 décembre, je pris à Paris le départ d’un course de 24 h. je ne devais plus faire de pain.

En 1895, un journaliste écrivait : Constant Huret est le meilleur coureur de fond du monde…

On vous dira que la route vous casse les jambes. Non, il y a la manière. Je me souviens d’être parti de Paris un matin de juin au lever du soleil avec l’intention de rouler toute la journée vent arrière. Le vent soufflant du nord, je pris la direction du sud et me retrouvais le soir à St Etienne…

Au firmament cycliste s’était levée une étoile de première grandeur. Ce jeune champion se nommait Petit Breton. Il confirma sa grande classe dans le Tour de France. Nous devions nous rencontrer pour la dernière fois dans le Bol d’Or de 1902. Petit Breton prit la seconde place. Cette victoire sur un jeun me prouvait que non seulement je n’étais pas déchu mais en progression…

(Malheureusement, peu après, Huret fut victime d’un accident au cours d’un entraînement au parc des Princes.)

Constant Huret était mort pour le sport cycliste. Je finissais en beauté. Jamais je ne connaîtrais le déclin. A l’age de 35 ans, il me fallait repartir. Je me fis loueur d’auto, conduisant moi-même ma voiture. Je promène un peu partout des touristes étrangers, le plus souvent de richissimes américains…

Seize années s’étaient écoulées depuis mon terrible accident. C’est alors que le destin capricieux mit sur mon chemin une jeune fille de vingt ans qui me plut. Malgré une différence d’âge marquée (28 ans), je l’épousais. Elle m’a donné trois enfants, deux garçons et une fille »

On trouve aussi dans ce livre de souvenirs « une pensée profonde qui peut surprendre ».

« Celui qui présida à notre destinée semble un artiste plein d’ironie. S’il a voulu pour tous la m^me arrivée au but d’égalité, il n’en est pas ainsi du départ qui ressemble à un magnifique handicap. »

« celui qui raisonne avec simplicité se dira toujours : le doute est-il donc si grand qu’il faille cet apparat dérisoire pour faire croire en Dieu ? »

« l’automobiliste plus que tout autre ne sait pas s’il couchera le soir dans son lit, en prison, à l’hôpital ou à la morgue… et l’on ne prie pas. »

« je fis l’acquisition d’un ouvrage scientifique de Camille Flammarion. Embrayé sur la science de la cosmographie, je fis plus tard l’achat d’un télescope. Quoi de plus émouvant que de contempler par une nuit transparente notre voisine Mars, le croissant de Vénus, les cratères lunaires ou l’imposant Jupiter. Face à cette immensité où roulent des milliards de mondes, nous sentir et nous voir à nos proportions véritables, c’est-à-dire rien du tout ou si peu… un tout petit pas à faire pour devenir meilleurs. »

« sur la route de la vie, personne n’a placé d’indicateurs aux carrefours. »

« lorsque vous faites l’acquisition d’une pendule, n’a-t-elle pas sonné des heures avant de vous appartenir ? mais que faire d’une montre quand le ressort est cassé ? »

« je n’aime pas ls gens qui regardent leurs pieds quand ils parlent. »

« j’ai occupé mes loisirs à la lecture. Lire c’est cueillir. Tous les beaux livres sont mes amis. »

« une trop grande fortune gâte, par les ennuis qu’elle suscite, tout ce qui fait la joie de vivre. Trop d’argent devient une calamité. »

« Tous nos champions sont en pleine jeunesse. C’est l’âge où l’appel des sens va se manifester impérieusement. Comment se conduire. On n’arrête pas un torrent. Si on le détourne, où va-t-il s’en aller. Conclusion : oui, mais soyez très modérés. Usons, n’abusons pas. Vénus est une maîtresse exigeante. Consacrons-lui une fin d’après-midi mais gardons jalousement notre vie. »



La maison située 3 rue du Routy à Ressons était la propriété de Constant Huret qui l’avait fait construire en 1926 sur une parcelle de terre achetée en 1914.

En 1899, Constant Huret figure sur la liste des membres honoraires de la Société de Secours Mutuels de Ressons avec la mention : Constant Huret, cycliste.

Constant Huret est mort à Paris le 18 septembre 1951




La légende du Patron de Ressons le Long : Saint Georges
Saint Georges, venant de Guny, avait passé la rivière à Vic sur Aisne, dans le but de parcourir le soissonnais, lorsqu'il rencontra St Martin qui descendait de Montigny-Lengrain, après avoir passé Cuise la Motte et Jaulzy. St Martin grand conquérant de paroisses, convoitait celle d'Ambleny ; il vit dans son collègue qu'un gêneur ennuyeux dont il résolut de se débarrasser immédiatement. Ressons le Long n'avait pas encore de patron, il l'envoya en ce lieu, en même temps qu'il lui indiquait le chemin le plus désagréable pour y arriver. St Georges, en effet, n'avait pas fait deux cents pas qu'il s'enlisa dans le marais qui porte aujourd'hui son nom, au point qu'il fallut l'aide des habitants pour le tirer de cet endoît périlleux. et c'est en reconnaissance de ce bienfait qu'il prit sous son patronage la paroisse de Ressons-le-Long, qui, depuis longtemps, n'a cessé d'invoquer ce glorieux martyr dont on célèbre la fête tous les ans, le 23 avril.


Les monuments commémoratifs
Retrouvez en lien les informations sur les monuments et les morts pour la France :

Monument aux Morts 1914-1918
Monument aux Morts 1914-1918 du cimetière
Monument du massacre du Bois des Chassis
Plaque commémorative Mairie
Monument tombe de 3 Héros du 8e Cuirassiers
Monument du massacre du Bois des Chassis - Soldats américains


Ressons le Long sur www.memorial-genweb.org

Cénotaphe
  La Grande Guerre terminée, Ressons-le-Long compta ses morts et décida d’ériger un monument à la mémoire des 41 jeunes hommes du village tombés au champ d’honneur. Ce monument fut en partie payé par souscription et devait être mis en place sur un terrain près de la Fontaine. Mais le conseil ayant changé d’avis, il fut implanté à la Grand’Cour et inauguré en grande pompe le 12 octobre 1924 avec la participation des habitants des communes voisines. A Ressons, le conseil vota un crédit de 850 F pour payer une plaque commémorative portant les noms des soldats morts et pour faire l’acquisition d’un coffret qui renferma la croix de guerre accordée à la commune.
C’est en le 26 avril 2014, que le cénotaphe prit sa place actuelle afin d’être mis en valeur.


Pupitre explicatif

RESSONS LE LONG : Un village se raconte, Des origines à la Révolution (1)
Nouvron Vingre, Coeuvres et Valsery, Montigny Lengrain !...! Depuis novembre dernier, les villages du canton de Vic sur Aisne se racontent chaque samedi dans l’Aisne Nouvelle et notre série part aujourd’hui à la découverte d’une nouvelle commune : Ressons le Long qui se situe au sud est du chef lieu du canton. Cette étude sera réalisée en très étroite collaboration avec M. Pierre Meyssirel, maire de Ressons, qui travaille depuis de nombreuses années sur l’histoire de son village.
Après Ressontius en 858, puis Resson, Resuns, ou encore Ressonia, apparaît, Ressonus-Longus en 1821 qui deviendra Ressons-le-Loncq… et Ressons-le-Long à partir de 1827. Et ce nom pourrait dériver du latin Rothus qui signifiait « Bois défriché – métairie ».
La commune comprise dans un triangle délimité par deux voies romaines couvre une superficie d’un peu plus de 1 015 hectares qui partent des plateaux élevés à la Vallée de l’Aisne. Et les quelques sept cents habitants du village habitent le bourg même ou les hameaux de Pontarcher, Gorgny, Mainville, Cheneux, Montois, la Vache Noire…
Les carrières ou creuttes qui s’ouvrent au flanc du plateau sous la ferme de la Montagne ont pu abriter les premiers habitants de Ressons mais aucune découverte archéologique ne confirme cette occupation. Cependant, il est fort possible que les chemins probablement tracés furent repris par les romains qui les transformèrent en véritables chaussées. La voie romaine arrivait alors de Reims et Soissons pour suivre la vallée de l’Aisne jusqu’à Vic où elle franchissait la rivière et la nationale 31 l’emprunte encore jusqu’au Bois des Châssis à partir duquel l’ancienne chaussée se retrouve sous la forme d’un chemin empierré et rehaussé. Mais à Pontarcher, un second tracé bifurquait pour grimper en ligne droite à « la rue à l’eau » et rejoindre ainsi le plateau, la Croix Rouge puis Champlieu et Senlis.

Le camp romain d’Arlaines
Depuis longtemps, la tradition populaire signalait l’existence « d’une ville » prés de la bifurcation des deux voies à Pontarcher au lieu-dit « Arlaines », Napoléon avait d’ailleurs eu du mal à y faire installer une tente, … en perçant des mosaïques !... pour y accueillir en 1810 Marie Louise d’Autriche que, trop impatient, il rencontra dés Courcelles. En 1851, des ouvriers, occupés à creuser le chemin de Fontenoy à la Nationale, découvrirent des fondations de murailles, des médailles, des fibules… et un tas d’œufs ! Des fouilles furent alors dirigées par l’abbé Pêcheur, fouilles qui furent reprises par sondages par M. Michel Réddé à partir de 1976 dans le cadre des travaux du C.N.R.S.

Il est ainsi bien confirmé que Arlaines fut un camp militaire romain du 1er siècle, construit pour la cavalerie entre 20 et 40 après J.C. sur la forme d’un rectangle de 280 m sur 175 m avec pour rempart un mur large d’environ 1,85 m. Les dernières campagnes de fouilles permirent de mettre à jour les Principia (bâtiments de commandement), la partie Nord et surtout les thermes avec le foyer contenant encore des cendres, des réseaux de canalisation qui pourraient provenir des flancs du coteau où les sources, notamment celle de la Douïe, auraient pu ravitailler le camp en eau. Des traces d’habitat vers le Nord pourraient laisser supposer la présence d’un « vicus » (village gallo-romain) alors que la nécropole se situait perpendiculairement à la chaussée de Ressons comme le prouvent les dégagements de squelette dont celui d’un adolescent avec son sarcophage. Quant au camp, il fut abandonné par les militaires à la fin du premier siècle puis certainement réoccupé avant de tomber en ruine et dans l’oubli, ses vestiges ayant été arasés tout comme le vicus routier que des photos aériennes réalisées par Michel Bourreux ont repéré (trous de poteau, palissades, …) au lieu-dit « Le grand fossé » proche de la voie romaine aux limites de Vic, Berny et Ressons.

La naissance d’un village
Au VIe siècle, selon la légende, Saint Georges, patron de l’Angleterre, parcourait le Soissonnais en ayant passé l’Aisne à Vic tandis que Saint Martin venait de Montigny. Mais Saint Martin, voulant se débarrasser de son rival pour conquérir le paroisse d’Ambleny, envoya Saint Georges vers les marais de Ressons où ce dernier s’enlisa avant d’être secouru par les habitants du village à qui il accorda son patronage.

Mais si l’on a retrouvé des tombes, paraissant daté de l’époque mérovingienne, à la Croix Saint Pierre (peut-être est-ce l’ancien cimetière ?) il faut attendre 858 pour que le village soit mentionné dans une charte de Charles Le Chauve cédant Ressontus à l’abbaye Notre Dame de Soissons. A partir de cette date, les abbesses ne cessèrent d’accroître leurs propriétés jusqu’au 14e siècle, devenant en même temps vicomtesses de Ressons. Pour assurer la sécurité de leur domaine, elles remirent la garde et la défense du village à un chevalier qui s’installa en qualité d’avoué puis de seigneur, à la ferme de la Montagne, principale propriété fortifiée de l’abbaye dans laquelle on fonda une chapelle. Et cette résidence devint une exploitation agricole en 1337. Jusqu’à la Révolution, l’Abbaye Notre Dame de Soissons conserva la principale seigneurie du village qui relevait de la châtellenie de Pierrefonds tandis que d’autres petits fiefs subsistèrent à Mainville, Montois, Poulandon et que d’autres communautés religieuses possédaient des biens sur le terroir.

A partir du 10e siècle, après les défrichements, le village s’organisa et l’église fut construite à la fin du 11e siècle avant que les lambris du carré de son transept ne soient remplacés par une voûte de pierres en ogive au 13e siècle. Quant au presbytère, il devait se trouver dans l’actuelle ferme de M. Carrier où une inscription (1366) peut rappeler sa construction. Mais après sa destruction pendant les guerres de religion, il fut remplacé par une maison contiguë à l’église que les paroissiens offrirent à leur curé en 1596. Dans le même temps, les croix se multiplièrent sur les chemins et sont encore aujourd’hui à l’origine de lieux-dits comme la Croisette, la Croix Saint Pierre, Jean-Guérin, Rouge, Blanche…

Les grands domaines
A la fin du 12e siècle, une maladrerie fut établie prés de Arlaines pour isoler les lépreux de Ressons et Ambleny du reste du monde. Remis à l’Hôtel Dieu de Soissons, cet ensemble, aujourd’hui la ferme de Pontarcher) fut transformé en exploitation agricole dés le 17e siècle alors qu’un moulin à papier fonctionnait tout prés de là sur le rû de Retz dés le 16e siècle. Installé prés du pont à péage, Jehan Regnart fit plus ou moins fortune en transformant les chiffons en papier et cette activité fut abandonnée par Martin de Rumigny en 1637.

Les guerres de cent ans ayant apporté leur cortége de violences et d’exactions, la ferme de la Montagne et le corps de logis de la petite cense furent fortifiées avec un pignon armé de deux échauguettes à l’Est et une tour carrée à l’Ouest tandis que des contreforts épaulaient le grand mur surmontant le glacis. Quant à la grange de la grande cense, elle fut construite vers le 14e siècle.
Mais cette belle demeure de la Montagne n’était pas la seule bâtisse importante de Ressons-le-Long qui comptait plusieurs autres grands domaines. Au Montois, la petite ferme de Jehan Molin construite avant 1580 resta dans la famille Lévesque de 1623 à 1735 avant de devenir, cette année-là, un beau château construit par Antoine Perticoz. Mais ce fief du Montois avait été réuni par Jean Bonet à celui de Mainville. Fief seigneurial dés la fin du 15e siècle, Mainville avait été régi par Jean d’Argentan, qui avait le passage franc du bac de Vic, avant de se voir adjoindre les fiefs de la Douve et du Montois. En 1671 Jean Bonet fit rebâtir le château et améliora la propriété et la ferme attenante. Acquis en 1764 par Françoise Chevallier de la Souricière, Mainville passa aux mains de Jean-Baptiste Bonardi qui hérita du domaine en épousant Marie Chevallier, la nièce de l’ancienne propriétaire.

Mais auparavant, Mainville avait appartenu au seigneur du fief de Poulandon régi par la coutume du Valois. Construit dés le 14e siècle, (par référence aux travaux de M. Bernard Ancien), le manoir de Poulandon comportait un logis avec plusieurs tourelles et une enceinte sur laquelle vint se greffer le pavillon du Sud-Est vers 1550. Après François de Bosbecq en 1589, Nicolas de Gonnelieu passa aux mains de la famille des De Bezanne. Et le domaine fut loué à des fermiers nommés receveurs de Poulandon à partir de 1719 tandis Charles de Lancry, seigneur de Rimberlieu, devint en 1756, le dernier seigneur de Poulandon.

Avec sa grange des Dîmes (dans la grande cour, prés de l’actuel monument aux morts), son notaire, sa vie religieuse intense (on baptisa bien des cloches en 1671, 1733…) ses cent quatorze feux (familles) en 1706… Ressons-le-Long était un pays assez prospère que n’épargnent cependant pas les grandes disettes de 1661 et 1662, les épidémies de peste en 1668 et maints fléaux avant que ne se déclenche la grande révolution de 1789.



RESSONS LE LONG : Des origines à la Révolution (2)
Samedi dernier, dans notre premier volet sur l’histoire de Ressons-leLong, nous avons évoqué l’existence de grands domaines sur le territoire de la Commune. Mais à la prospérité succéda la misère avec les disettes de 1662, la peste en 1668, une épidémie de variole qui tua 23 jeunes enfants en 1759 avant qu’un orage de grêle ne détruise toutes les récoltes le 13 juillet 1788. Avec les hivers rudes, le froment se fit de plus en plus rare et les mendiants couraient les chemins sans pouvoir être secourus.

C’est dans ce pays désolé que , le 3 mai 1789, Martin Liénard, de Montigny fut nommé adjudicataire des travaux nécessités par l’état du presbytère et de l’église où l’on avait baptisé, le 11 juillet 1785, la grosse cloche du nom de Marie Charlotte. Au même moment, les Etats généraux se réunissaient à Versailles et l’on allait entrer dans la Révolution.

Mais cette Révolution se déroula dans un calme relatif à Ressons-le-Long. Le 4 février 1790, les citoyens actifs (ceux qui payaient des impôts) se réunirent pour élire, au deuxième tour et par 26 voix sur 46 votants, Pierre Ignieux, laboureur, comme maire du village. Puis le 27 juin, huit hommes sur les 138 citoyens valides de 16 à 60 ans furent choisis pour former la garde nationale et célébrer, avec la population, la fête de la Fédération le mercredi 14 juillet 1790. Après la messe, Pierre Ignieux prêta serment et l’on tira des coups de fusil en l’air. Devenue Bien national, la ferme de la Montagne, louée par l’abbaye Notre Dame de Soissons à Warenflos, fut vendue le 28 décembre 1790 à De Bonardi de Mainville avant de passer à ses descendants les De Bonnechose et les De Luze. Mais Warenflos en garda la location jusqu’en 1796, tandis que la grande Cense et la petite Cense furent réunies en 1803 lorsque la commune accepta de détourner vers le sud le chemin menant du Chatelet à Ambleny. Quant à la ferme de la Grue, elle fut cédée à Antoine Fauvelle en 1793.

L’ordre respecté

Alors que le curé Louis Sébastien Rémy avait prêté serment à la constitution dés le mois de novembre 90, l’effectif de la garde nationale fut porté à soixante-deux hommes dont un tambour… et un drapeau béni le 5 décembre . Mais cette garde nationale n’avait que peu de travail… sauf pour rappeler à l’ordre Clothilde Déhus qui gêna le service divin le 14 novembre 90 et injuria l’officier Charles Bailly en pleine église ou pour faire condamner trois ouvriers de la Gorge de Montigny qui étaient venus travailler la terre à Ressons, le jour de la Saint Georges ! On en était encore à respecter l’église et les saints ! Dans le premier projet de constitution des départements, Ressons-le-Long fut rattaché au canton de Coeuvres jusqu’en 1801. Quant au maître d’école, Antoine Oudoux, il fut nommé officier public pour tenir les registres de l’état civil dés le 2 novembre 1792. Sur ordre de la municipalité, Jacques Lemoine, charpentier à Ambleny, installa une horloge dans le clocher de l’église en octobre 91. Alors que la commune était venue en aide aux enfants de Clotilde Blangeois, épouse du tisserand Larue, tuée par la foudre le 23 août 92, Nicolas Bailly, fermier à Poulandon, causa bien des soucis à la municipalité en voulant couper vingt-cinq peupliers sur un pâturage à usage communal.

Des réquisitions mal acceptées
Mais les douze fermiers du village qui possédaient alors quinze charrue et cultivaient prés de 1 000 arpents surtout situés en vallée (environ 510 hectares) en froment, avoine, orge, seigle, foin et lentilles… allaient connaître bien des déboires avec le gouvernement révolutionnaire ! Les réquisitions allèrent, en effet bon train ! Dés 1792, il fallut approvisionner le marché de Coeuvres où les bateaux au port de Vic. Devant le peu d’empressement des fermiers à livrer une grande partie de leur récolte pour nourrir les populations des villes ou les soldats de la Révolution, les commissaires de Soissons accompagnés de chasseurs à cheval vinrent surveiller les battages de grain et perquisitionner pour emporter les chevaux, les foins, le froment,… Parfois au risque d’être guillotinés, certains fermiers – comme le citoyen Fauvelle - refusèrent d’obtempérer. Dans le même temps, Germain Asset, l’aubergiste de la Vache Noire, recevait des quantités de cidre pour désaltérer les régiments de passage.

Mais les réquisitions ne touchèrent pas seulement les paysans et le village dut fournir des couvertures… et les hommes de 18 à 25 ans pour la guerre. Quant à l’église, elle fut vidée des ses objets, vendus comme biens nationaux. Dés 1792, la croix de procession, les burettes… fournirent prés de 5 kilos d’argent. Le 15 octobre 1973, la moyenne et la petite cloche furent descendues pour être emporter à Soissons et être fondues en canons. Puis les chandeliers, les vases et le mobilier suivirent le même chemin tandis que le presbytère était loué. D’ailleurs, le 9 février 1794 (21 pluviose An II), calendrier républicain oblige ! L’église fut désaffectée et devint le Temple de la Raison, placé sous la surveillance de Simon Déjardin désigné comme agent national. Et le 29 juin 1974, Martin Perdu et Simon Durant commencèrent à gratter les emblèmes religieux malgré les protestations de Jean Taquoy. Il fallut attendre le 6 mai 1796 pour que cette église de Ressons le Long fut rendue au culte.

Avec Bonaparte, les guerres continuèrent et le 31 octobre 1802, les conscrits se présentèrent au conseil de révision dans l’église de Ressons le Long. Après que Florentin Ignieux, Louis Dehus et Jean-Baptiste Destrez aient été exemptés pour raison de santé, on procéda au tirage au sort. Parmi les quatorze conscrits présents, François Dubois, de Montigny, Lucien Dubois, de Resssons et Pierre Muret, de Pernant tirèrent le mauvais billet qui fit d’eux des soldats.

Le clocher démoli
Le 20 janvier 1811, Marc Goret, couvreur et plâtrier à Vic, se vit confier en adjudication la démolition du clocher en pierre qui surplombait alors le portail de l’église. La cloche fut transportée sur une charpente au cimetière et les travaux furent terminés en mars. En décembre de la même année, le conseil décida de reconstruire un nouveau clocher mais les guerres et les invasions repoussèrent cette réalisation en 1828 quand le sieur Déjardin, charpentier, exécuta l’ouvrage, le clocher que l’on voit encore aujourd’hui et qui reçut la cloche Marie-Charlotte.
Pour faciliter le logement des troupes et la répartition des contributions, les maisons de la commune furent numérotées à part de l’est.

Une nouvelle mairie-école
Neveu de Antoine Oudoux, le maître d’école de Ressons-le-Long qui mourut en 1815, Jean Oudoux, loua la maison de son oncle, maison située sur la place publique tout prés de la rue principale, pour y établir une école. Puis la commune acheta l’immeuble en 1828 pour le transformer en mairie-école-logement et presbytère. Mais en 1846, on décida de démolir l’ensemble pour pouvoir reconstruire un bâtiment en arrière vers le cimetière. Au rez-de-chaussée, on aménagea une salle de classe et le logement de l’instituteur. Le premier étage fut réservé à la mairie et le sous-sol abrita le corps de garde et la pompe à incendie achetée en 1840 pour les trente-deux sapeurs-pompiers qui ne purent éviter la destruction par le feu de la ferme du Larris Saint-Pierre le 20 septembre 1843. Au dessus de la mairie, s’élevait un clocheton étroit et la cloche sonnait les entrées et sorties d’école, les heures de scrutin et le tocsin. Une horloge compléta le tout en 1853.
Tous ces travaux, payés 16 275 F par la vente de 9 hectares de terrains communaux, furent terminés en 1847.
Dans le même temps, une maison, située à l’est de l’église et appartenant à M. Louis Lucot, fut acquise pour être aménagée en presbytère. Après les journées révolutionnaires de février 1848, l’euphorie gagna Ressons-le-Long et, le dimanche 9 avril une grande cérémonie eut lieu sur la place publique. La garde nationale, les sapeurs-pompiers, le conseil municipal présidé par M. Moutailler, maire par intérim, assistèrent à la plantation de l’arbre de la liberté qui fut béni par le curé. Les chants patriotiques, la Marseillaise et un grand bal populaire prolongèrent la cérémonie officielle. Mais cet enthousiasme fut tempéré l’année suivante par une épidémie de choléra qui tua quarante-six personnes dont dix-huit dans le seul mois de juillet, et ce malgré le dévouement exemplaire du docteur Arthaud, de Vic sur Aisne.
Mais le village continuer à vivre, en surmontant cette nouvelle épreuve et en se préparant à aborder l’aube de XXe siècle avec des constructions qui contribueront à sa prospérité comme la création du chemin de fer de Soissons – Compiègne ou la construction d’une distillerie à la Ferme de la Montagne. Ce sera l’objet de notre volet de samedi prochain.



RESSONS-LE-LONG : A l’aube du 20e siècle (3)
Après la mairie-école, un nouveau clocher, les pompiers et un arbre de la liberté (voir notre volet du samedi 30 mai), Ressons-le-Long se dota de fontaines. Le premier lavoir fut construit au Cheneux en 1858 et payé en partie avec une souscription lancée auprès des habitants. Le lavoir couvert de la Grue en 1864, celui du bout de la ville au Montois puis celui de Gorgny en 1871 desservirent les hameaux comme les fontaines publiques alimentées par les nombreuses sources du flanc de coteau. Cette eau ne faisait pas défaut et le moulin à vent de la chaussée Brunehaut fut vite remplacé par des moulins à eau comme celui de Poulandon (il cessa toute activité dés le 17e siècle), celui du trou Poncet dont on retrouvera la meule en 1850 ou encore ceux de Pontarcher (l’un à papier, l’autre appelé Ansellin) qui s’arrêtèrent définitivement en 1885.

Mais la guerre de 1870 ravagea le pays tandis que les habitants de Ressons avaient collecté 588 F dés le 30juillet pour les blessés de l’armée du Rhin, ils virent arriver 300 hussards prussiens qui s’installèrent au château de Mainville le 13 septembre. Intervenant auprès du colonel, M. Cranney sauva deux cultivateurs considérés comme espions. Le village dut quand même livrer une vache, du foin, de la paille, de la nourriture… et ces taxes continuèrent à être imposées par l’occupant tout au long de la guerre sans oublier les 300 F de rançon exigés pour la libération de M. Cranney, devenu otage après la coupure de fil télégraphique à Gorgny.

La guerre finie, la commune décida de créer une école de filles. La maison de Routy (où l’on devait faire rouir le chanvre), ancienne propriété de Notre-Dame de Soissons vendue comme bien national à Philippe Lucot, fut achetée à M. Danré de la Maladrerie. Dés le 1er 1876, deux sœurs congréganistes reçurent les filles du village alors que François Leveaux venait de prendre sa retraite après avoir été instituteur zélé et dévoué à l’école des garçons de 1833 à 18 7. Enfant du pays, il avait fait disparaître, en 1839, l’antique usage de la bûche obligatoire pour chaque élève et à sa mort, il légua 20 000 F pour le bureau de bienfaisance et 8 000 F pour fonder la caisse des écoles.

Des vignes sur les chemins
L’un des grands soucis de la municipalité de l’époque fut aussi la réfection des chemins. Des emprunts furent contractées en 1882 et permirent à l’ agent voyer d’aligner les rus en déplaçant des puits tandis que le conseil souhaitait qu’on replante des pommiers au bord du chemin de Compiègne à Soissons afin de donner de l’ombre aux bêtes et aux charretiers. Les arbres du pays avaient d’ailleurs souffert de l’hiver très rude de 1879 qui avaient provoqué des dégâts dans les cultures et notamment dans les vignes alors florissantes à Ressons. Car, si les habitants du village (on en comptait 644 en 1872) buvaient beaucoup de cidre fait avec les pommes du pays de Normandie, ils aimaient également « leur piquette ». La vigne, presque à l’état sauvage, grimpait alors aux pommiers, pruniers, aux épines du bord des chemins. Certains gros ceps portaient jusqu’à 400 grappes et les vendanges effectuées à l’échelle commençaient vers le 15 octobre. Pour les quelque 80 parcelles de vigne, on récoltait prés de 500 hectolitres avant 1870 et les tonneliers ou cabaretiers faisaient fortune.

Des pierres pour le grand palais
Car on avait souvent soif surtout quand on travaillait aux cendrières ou aux carrières. L’argile à lignites du fond de vallée était en effet utilisé comme engrais appelé cendres noires et les « cendrières » étaient nombreuses comme au Bois des Châssis.

Mais c’était les carrières de pierre qui occupaient le plus de monde. Ouvertes au public à flanc de colline, les premières furent d’abord utilisées pour construire les maisons du pays. Puis on en ouvrit prés d’une dizaine sur le territoire de la commune car, à partir de 1850 avec la canalisation de l’Aisne, on put envoyer les pierres de Ressons par bateau vers Compiègne où l’on construisit de nombreuses maisons, ou vers Paris pour édifier de nombreux bâtiment dont une partie du Grand Palais. Pour les travaux de l’exposition de 1900, les carrières de Ressons occupèrent jusqu’à 120 ouvriers pour tirer quelque 10 000 mètres cube de pierre en 1898-1899. Mais en temps normal, la moyenne n’était que de 15 employés en été et 70 en hiver. « Il y avait des carrières de MM. Liéveaux, Toupet, Crépin, Boufflet… et Girandier qui avait son port à Vic (aujourd’hui à la Carva) », se souvient Madeleine Milcent qui habite toujours la maison construite par son grand-père au Montois en 1893. « Ma grand-mère me l’a raconté plusieurs fois ! Son mari était tâcheron et employait lui-même des ouvriers. Les carriers pouvaient alors prendre pour eux les pierres abîmées et c’est comme cela que mon grand-père put construire sa maison à l’age de 28 ans avec des pierres de « La Divine ». La tache de ces hommes n’était guerre facile ! Il fallait décrocher et extraire les gros blocs avec la lance… puis les charger sur les chariots pour les envoyer au port de Vic ou plus tard à la gare. C’était une grande activité pour le village ! Et cela a duré jusqu’à la grande guerre ! »
Cette activité occupa aussi les loisirs d’un gendarme retraité ! Adolphe Blanchard passa en effet tout son temps pendant vingt ans à extraire de la pierre pour construire, lui-même une haute tour de vingt mètres en bordure du chemin de la Croix Blanche. Il jouissait de là d’un magnifique panorama sur la vallée de l’Aisne. Mais la toue fut démolie pendant la guerre et ses pierres furent utilisées pour construire le séminaire de Soissons. Alors que M. Blanchard avait érigé une autre tour dans la cour de sa maison de la rue de la Douïe, les élèves de M. Meyssirel retrouvèrent en 1980, l’emplacement de l’ancienne tour Blanchard.

L’age d’or du chemin de fer
Mais Ressons-le-Long allait connaître l’arrivée du progrès technique avec la mise en service de la voie ferrée Compiègne - Soissons. Le 9 juin 1881 la ligne fut inaugurée par la compagnie des chemins de fer du Nord à la Vache Noire (alors que les vicois auraient souhaité son implantation prés du pont !), quatre maisons de garde-barrière et une halte à Ressons-Mainville. Ce fut l’age d’or du train ! La gare en briques avec sa marquise, la halle de marchandises… constituaient un véritable pôle d’attraction économique. Cinq omnibus quotidiens partaient de Vic-Ressons pour Soissons à 4h37, 9h17, 12h50, 18h22, 21h09 et il en coûtait 1.90 F en 1ére classe, 1.25 F en seconde et 0.80 F en troisième pour un voyage qui durait environ 30 minutes. Pour Compiègne, les départs étaient prévus à 6h53, 9h43, 14h09, 18h34 et 21h12. Et l’on prenait souvent le train puisque l’on dénombra, en 1903, 41 700 voyageurs au départ de Vic-Ressons et 36 000 tonnes de marchandises… tandis qu’à la halte de Mainville on compta 2 734 voyageurs la même année. Les bois, la farine, les grains, le charbon, les pierres, les betteraves… étaient chargés sur les wagons et l’on dut même installer une presse hydraulique à paille prés des quais à partir de 1897, une presse qui occupa 8 ouvriers tout au long de l’année. Mais si cette ligne connut un grand trafic avant d’être fermé en 1973, tous les autres projets auxquels s’associa la commune de Ressons (une ligne vers Ambleny, Dommiers ou Villers…) connurent l’échec.

Une distillerie à la ferme
En 1892, Léon Michon, le fermier de la Montagne, fit construire une distillerie dans la cour de la ferme à l’emplacement de l’ancien chemin détourné en 1803. Mais en 1900, il céda la ferme à M. Henri Ferté qui développa l’activité de l’ensemble. On y comptait alors 250 hectares, une vingtaine de chevaux de trait et une trentaine de bœufs attelés qui tiraient les fameuses charrues à soc réversible « inventées » par M. Vallerand de Moufflaye. Comme partout dans la région, au moment des grands travaux, les ouvriers permanents (on en dénombrait 25 à la Montagne) étaient renforcé par les Camberlots du Nord qui travaillaient à tâche et appréciaient la traditionnelle soupe du midi où flottaient des pommes de terre entières et parfois un morceau de viande. A la distillerie, dont la haute cheminée coiffait les bâtiments, dix ouvriers écrasaient les 120 hectares de betteraves entre fin septembre et mars et l’on fabriquait ainsi prés de 40 hectolitres d’alcool pur par jour. Pour accéder aux champs de blé, d’avoine, de luzerne et de betteraves ou pour transporter les récoltes, on empierra peu à peu les chemins. Quant à M. Henri Ferté, un homme d’action et de grande prestance, il prit des responsabilités professionnelles et politiques en devenant notamment maire de Ressons en 1908.

Le village qui avait terriblement souffert d’un violent ouragan le samedi 1er juin 1901 aux environs de 16heures(arbres arrachés, toitures envolées, grêlons gros comme des œufs de pigeon, 200 000 F de dégâts), devint alors célèbre avec Constant Huret, l’enfant du pays devenu champion du monde cycliste. Né au château de Mainville où son père était jardinier en 1870, Constant devint apprenti boulanger à Soissons et Saint Bandry avant de s’adonner totalement au vélo pour gagner le Paris-Bordeaux en 1899, le Bol d’or en 1894, 95, 98 et 1902 et devenir entre autres, champion du monde de la distance parcourue en 24 heures… avec 909 kilomètres ! Constant Huret, pour mieux monter les côtes, inventa même le dérailleur avec une tige de cuivre fixée sur le pignon de la roue arrière. Avec ses 576 habitants en 1901, Ressons comptait cinq débits de boisson. Et après et après avoir voté une subvention pour l’installation du téléphone à la gendarmerie de Vic en 1908, le village fut raccordé au réseau en 1910… avant de connaître l’arrivée de la fée électricité en 1911 grâce à M. Bouillet de Paris.
Le cimetière autour de l’église et celui crée en face d’elle s’avérant trop petits, on inaugura le nouveau en 1911.
Directeur de la fabrique (à sucre) de Berny, M. Duchêne eut l’idée d’installer un transbordeur sur câble entre le plateau et son usine comme en existait déjà un vers Moufflaye. Les études n’ayant commencé qu’en 1912, la grande guerre qui se déclencha en 1914 l’empêcha de réaliser son projet. Une grande guerre qui sera l’objet de notre volet de samedi prochain.



RESSONS LE LONG : La Grande Guerre (4)
Avec ses fermes, ses vignes, ses carrières, sa distillerie, sa voie de chemin de fer,… Ressons-le-Long connaissait une certaine prospérité au début de ce siècle, (voir notre volet du samedi 6 juin). Mais le village découvrit la guerre le samedi 1er août 1914 lorsque les ordres de mobilisation furent affichés et que les hommes partir dés le lendemain. Par peur des espions, on enleva les panneaux du « Bouillon Kub » qui étaient, parait-il, des repères pour l’ennemi. Vers la fin du mois, le bruit du canon retentit vers le Nord et les premiers convois de réfugiés traversèrent le village.
Mais ce n’est que le 30 août que Ressons se sentit au cœur des combats quand les troupes anglaises envahirent le village et se livrèrent à quelques scènes de pillage pendant que leur état major s’installait au château du Montois et que les batteries se mettaient en position sur les hauteurs de la Vache Noire. Ce qui n’empêcha pas les allemands d’avancer et d’entrer, sous la canicule, dans le village le 1er septembre.
Gabrielle Jolly, aujourd’hui Mme Naranjo, revoit encore la scène : « J’avais alors 9 ans et mon père mobilisé à la gare de Vic, était adjoint au maire. Les Ulhans sont arrivés dans notre ferme de Mainville. Ils ont tués quelques poules, enlevé six chevaux et ont continué à avancer dans les terres du haut où les anglais reculaient » Berthe Laurent (Mme Balançon) elle, avait 12 ans et habitait au Montois : « D’abord, mon père a enfermé ma sœur de 16 ans, Georgette, dans la cave. Elle y est restée pendant huit jours car on racontait que les Allemands enlevaient les filles, coupaient les mains des enfants. Mon grand-père était mort le matin même et quand l’officier, qui nous menaçait de son revolver, l’a découvert dans la chambre du fond, il s’est excusé et a fait poser une pancarte sur le chemin pour que personne n’entre chez nous. Mais ça a bien bombardé et pillé dans les maisons d’à coté. »
Après leur échec sur la Marne, les Allemands battirent en retraite. Et Berthe se souvient d’un autre épisode : « Mon père travaillait à la distillerie. En y montant, il avait vu des lueurs dans les carrières à Finaux. Avec d’autres habitants, il a découvert neuf Allemands qui se cachaient depuis plusieurs jours. Les pauvres n’avaient mangé que des pommes ! L’un deux avait gravé une douille d’obus de 105 « Souvenir de Ressons ». Mon père a rapporté le chef d’œuvre à la maison. Pour eux, la guerre était finie ! »
Mais pour les autres ! Dés le 13 septembre, les troupes françaises, en empruntant la passerelle lancée sur l’Aisne par le Génie, face à la ferme du Pressoir, prirent pied sur le plateau de Fontenoy où les combats furent rudes (voir notre série sur Nouvron Vingré » et les habitants de Ressons-le-Long assistèrent à cet embrasement du ciel à la terre. A quelques kilomètres du front, ils s’installèrent ensuite dans la guerre en accueillant les troupes au repos.

On vivait avec les soldats
Gabrielle Jolly entretenait une correspondance suivie avec son père Alphonse qui avait été mobilisé après 14 « Mon cher papa. En ce moment, nous avons beaucoup de troupe à loger. Je ne sais qui on aura pou le battage ». En effet, sans les hommes, le travail dans les fermes était désorganisé. Les anciens du village venaient en aide aux femmes, aux enfants, aux oncles et tantes de Morsain, Cuisy qui, après avoir été déportés par les Allemands, avaient pu rejoindre leur région. Et dans ses cartes, Alphonse Jolly, qui semblait ne pas avoir le moral (« Pour me distraire ! Nous ne sommes pas prés de nous retrouver !... C’est bien triste ! »), donnait son bonjour aux commis et ne manquait pas de suivre les travaux agricoles (« Les foins sont-ils faits ?... Vends l’avoine dés que tu pourras car il va y avoir une attaque… »).
Et la ferme, on travaillait comme on pouvait, avec les bœufs… et les soldats qui donnaient un bon coup de main. « On a toujours vécu avec eux. Ils logeaient dans les granges, raconte Gabrielle. Tous las bâtiments étaient pleins. Des Zouaves, des Spahis, des Marocains entortillés dans leurs toiles blanches avec leurs petits ânes. Quel effet ça faisait ! On n’était pas malheureux. On se nourrissait presque à leur cuisine roulante car ceux du front étaient largement ravitaillés… Pas comme ceux de l’arrière ! On élevait même des cochons avec les restes ! »
Pour ces cantonnements, les habitants recevaient des indemnités (1 F par jours pour une chambre d’officier, 5 centimes par soldat ou par cheval en écurie) et, du 1er novembre 14 au 31 octobre 16, la commune de Ressons put distribuer aux logeurs la somme de 62 303 F payée par l’intendance. La population en profitait pour faire du commerce. « Ma mère lavait le linge des soldats, raconte Berthe. Elle avait une licence pour vendre des frites, de la salade… et du vin ». Presque tout le monde vendait ce pinard que les soldats venaient chercher par bidons ou par seaux de toile. « Les pauvres ! Ils avaient bien besoin d’oublier et de se réchauffer quand ils descendaient du front avec leurs capotes gelées ! »
Les carrières, où on retrouve des inscriptions comme 64e Territorial. 9e Compagnie ; Ann2e terrible. 14 nov 14 », étaient aussi des refuges pou tout le monde. Elles servaient de dépôt de munitions, d’hopital, d’abris pou les prisonniers… ou pour les chevaux. Car il y avait des chevaux : 160 du 203e régiment d’artillerie logés dans les grottes ; 130 à Poulandon ; 355 dans les autres cantonnements,… « Certains étaient blessés, d’autres morts de fatigue. C’était le Père Balaman, notre ouvrier, qui était réquisitionné pour aller les chercher avec un chariot tiré par des bœufs et il les enterrait au jardin blanc ».

Des obus et des tracts
Et la vie continuait ! « 15 janvier 1916. Je vais retourner à l’école et travailler le plus possible pou rattraper le temps perdu », écrivait Gabrielle à son père. « On allait tous à l’école au Routy avec Mme Dumestre… et nos masques à gaz. Un jour, on venait juste de rentrer de récréation quand un obus est tombé est tombé dans le jardin ! ». Et les obus pleuvaient dru comme ce lundi de Pâques 1915. « Mon père raconte Berthe, en eut même la pipe coupée par un éclat ! Et la fois que ma mère avait mis du linge à sécher dehors ! Les Allemands sur le plateau d’en face en on fait leur cible ! » Il faut dire que les gros canons au-dessus de Mainville, Gorgny, du Montois,… arrosaient, eux aussi l’ennemi !
Parfois, ce qui tombait du ciel était plus pacifique comme en 1917 quand des ballonnets envoyèrent la gazette des Ardennes. Une grosse mèche d’amadou brûlait lentement les ficelles attachées autour d’un cercle de laiton et les tracts s’éparpillaient dans les airs. C’était pour saper le moral des troupes et des civils. On voyait même des espions partout comme en 1915 quand l’Etat major perquisitionna chez M. Henri Ferté et arrêta le contremaître car on avait aperçu des « signaux lumineux » du coté de la Montagne. En 1917, au moment des mutineries, il y eut une petite rébellion de soldats chez Lucot mais ça ne dura pas.
D’ailleurs, en mars 1917, après le repli allemand sur la ligne Hindenburg, Ressons retrouva un certain calme et M. Ferté fut élu suppléant de ola commission économique du canton qui, avec M. Braux de Vic, devait établir les besoins de chaque commune. Le 6 février 18, le conseil de révision de la classe 19 put même avoir lieu à Vic !

Ressons évacué en 1918
Mais la guerre n’était pas finie ! Le 27 mai, le canon tonna sur Soissons et la ville fut prise le lendemain. C’était la grande offensive du Kronprinz qui commençait. Le 30 mai, la population de Ressons reçut l’ordre d’évacuer et le dernier train partit de Vic dans la soirée tandis que les cultivateurs emmenaient leurs chariots et leurs bœufs.
Le 4 juin au matin, le 8e régiment de cuirassiers arriva au Chat Embarrassé où le Général Messimy donna ses ordres : empêcher l’ennemi de déborder sur le secteur et d’entrer dans la forêt de Retz. Le 1er bataillon se posta à Gorgny et dans les bois proches pour surveiller Fontenoy, la nationale et Ambleny. Le 2éme bataillon s’installa à Maubrun alors que le colonel du 8e Cuir plaçait son PC dans une maison du Montois qui fut écrasée par un obus de 150. Les troupes françaises tinrent bon et, malgré les tirs d’artillerie et les toxiques, elles empêchèrent les ennemis de passer le Rû de Retz à Ambleny. Mais à quel prix ! Le régiment compta 59 blessés et 11 tués dont 3 (les maréchal des logis Jaurand et Grivot et le soldat Nogué) furent inhumés en bordure de la chaussée Brunehaut où leur tombe existe toujours.
A partir du 13 juin, la contre-attaque menée par Mangin avec les troupes françaises, américaines et les chars Renault repoussa les Allemands et libéra Coeuvres, Cutry, Laversine, … Soissons le 2 août.
Les habitants de Ressons-le-Long revinrent alors dans leur village vers le mois d’octobre mais ils trouvèrent bien des ruines. Vingt-six maisons étaient démolies, surtout au Montois où le château avait servi d’ambulance. Les autres n’avaient plus de carreaux, … Et le pays était parsemé de tombes. Au cimetière, étaient enterrés cent onze soldats dont un sergent américain et deux allemands. Dans un champ situé au Montois en bordure de la nationale eu du CD, on dénombrait 26 tombes et 3 fosses communes contenant 29 corps. Les dépouilles de ces hommes tombés aux combats surtout les 12 septembre 14, les 12 et 28 juin 18, furent regroupées au cimetière militaires de Ambleny et Vic.
Quant aux familles de Ressons-le-Long, elles aussi payèrent un lourd tribut à la guerre puisque le monument aux morts, édifié à la Grand’Cour et inauguré le 12 octobre 1924, porte le nom de 41 jeunes hommes du village tombés au champ d’honneur.



RESSONS-LE-LONG : Les années d’entre deux guerres (5)
La grande guerre terminée, Ressons-le-Long compta ses morts et décida d’ériger un monument à la mémoire des 41 jeunes hommes du village tombés au champ d’honneur (voir notre volet du samedi 13 juin). Ce monument dont les plans furent présentés par M. Chatelain, marbrier à Soissons, fut en partie payé par souscription et devait être mis en place sur un terrain prés de la Fontaine. Mais le conseil ayant changé d’avis, il fut finalement implanté à la Grand’Cour et inauguré en grande pompe le 12 octobre 1924 avec la participation des habitants des communes voisines. C’était alors une coutume que d’aller assister aux inaugurations des monuments dans tous les villages… ce qui coûta la vie à M.Allard, du café d’en bas à Ressons, qui fut tué en camion, la tête fracassée par un poteau bordant la route, lors de la cérémonie du monument des fusillés de Vingré le 5 avril 1925. A Ressons, le conseil vota un crédit de 850 F pour payer une plaque commémorative portant les noms des soldats morts et pou faire l’acquisition d’un coffret qui renferma la croix de guerre accordée à la commune.
A la mairie-école, la vielle horloge démolie pendant la guerre fut remplacée en 1922 par une horloge posée sur la façade et installée par M. Lépeaute de Paris. L’année suivante, les cabinets d’aisance trop proche de la salle de classe furent transférés un peu plus loin et la cour de l’école fut aménagée à l’emplacement de l’ancien cimetière grâce à un don des populations de Haute-Garonne. Quant au préau, il fut construit en 1927 par M. Tassart, entrepreneur à Fontenoy, qui procéda également à la réfection du clocheton au dessus de la mairie afin d’y réinstallée la cloche.
En 1923, l’instituteur, M. Jean Dumestre prit sa retraite et fut remplacé par M. Jean Soulé tandis que l’année suivante, Mme Dumestre céda sa place d’institutrice à l’école des filles à Mme De Keulenaer. La caisse des écoles, à laquelle François Leveaux avait légué 8 000 F en 187, facilitait la fréquentation scolaire par des récompenses sous forme de livres utiles, de livret de Caisse d’Epargne aux élèves les plus appliqués, de secours aux indigents qui recevaient des fournitures scolaires, des vêtements ou des repas chauds en hiver. En remplacement de M. Soulé (1932) et de Mme De Keulenaer (1934), M. et Mme Raymond Thérondel, qui étaient originaires de Figeac, se virent chargés de l’enseignement primaire à Ressons où les deux classes furent géminées pou résoudre les problèmes de locaux. Pendant leurs congés, les écoliers pouvaient alors s’adonner à la chasse aux hannetons puisque le conseil de classe vota en février 1925, un crédit de 1 500 F (l’installation de l’électricité coûta 420 F la même année !) pour la destruction de ces insectes nuisibles aux cultures. Chaque jour, les hannetons ramassés devaient être portés dans un sac à la ferme de la Montagne où on les détruisait. Une prime de 0.50 F par kilo était accordée aux « récoltants » qui en apportèrent jusqu’à 171 kg le 12 mai 1925 !

Mr Henri Ferté le maître
Alors que le conseil avait demandé, en 1920, la suppression de la voie ferrée de 0.60m de large qui reliait Fontenoy à Coeuvres où l’on avait besoin de matériaux pour la reconstruction (les camions suffisaient et l’on voulait cultiver les terres !), les habitants de Ressons furent appelés à voter les 3 et 10 mai 1925. Maire depuis 1908, M. Henri Ferté fut réélu tandis que M. Alphonse Jolly se vit à nouveau confier le poste d’adjoint. Le 19 juillet suivant, le maire de Ressons, conseiller sortant, fut réélu au conseil d’arrondissement alors qu’il était également le député de l’Aisne pour « L’Union Nationale » depuis 1924, une charge qu’il conserva jusqu’en 1928 quand il fut remplacé par Georges Monet.
Le nouveau conseil se pencha sur la modernisation du village. Le droit de chasse sur les biens communaux fut fixé a 20 F en 1925 et la taxe sur les chiens fut portée a 10 F pour les chiens de luxe, 6 F pour ceux de chasse et 4 F pou ceux de garde.
Le projet de desserte par autocar d’une ligne reliant Vic à Villers et passant par Ressons posa bien des problèmes à la commune qui avait pourtant voté une subvention de 1 032 F de 1929 à 1935, somme jugée insuffisante par la société de car, la STARN dont les véhicules causaient des dommages aux chemins. En 1935, tout le monde s’émut lorsque la suppression du service voyageurs de la ligne de chemins de fer de Compiègne-Soissons fut envisagée. Son remplacement par un service d’autobus plus irrégulier, plus onéreux avec des attentes au grand air le long de la nationale ne fut pas accepté avec enthousiasme mais tous les vœux du conseil municipal restèrent sans réponse.

Le secours mutuel
L’eau qui alimentait les lavoirs et les fontaines publiques arriva jusqu’au maisons particulières. Vingt-cinq d’entre elles (les propriétaires avaient dû s’équiper eux-mêmes d’un compteur !) étaient desservies en 1936. Et la lumière fut ! M. Bouillet avait créé un réseau de distribution d’électricité dés 1911, réseau auquel furent raccordés la mairie en 1921, l’école des garçons en 1924, celle des filles en 1925 et les hameaux seulement en 1933. Alors que l’on voulait replantait des pommiers en bordure de la nationale, les premiers goudronnages de chemin dans le village furent effectués en 1932 et un terrain acheté et aménagé pour devenir la place publique de la Fontaine. Par conter, n’en découvrant pas l’utilité, le conseil refusa l’installation de cabines téléphoniques dans les écarts. Mise en place en 1896 pour venir financièrement en aide aux malades et aux vieillards, la société de secours mutuel de Ressons fêta son 30e anniversaire en 1926 avec un rassemblement sur la place puis un groupement des délégations devant le calvaire de la Croix du Rû suivi d’un bal gratuit dans la salle Camus. Au cours du vin d’honneur, M. Henri Ferté, président, retraça l’historique de la société qui comptait prés de 60 membres. La cotisation annuelle, qui variait de 48 F par jour d’arrêt de travail en cas de maladie, le remboursement des frais médicaux… ou un retraite annuelle de 48 F.
Après la mort de M. Henri Ferté le 8 mai 1935, le nouveau conseil municipal confia la charge de maire à M. Alphonse Jolly qui n’eut guère de soucis à se faire lors des grandes grèves de 1936 puisque dans les fermes de Ressons, « l’ambiance resta assez bonne ».

Une vie réglée par les travaux de la terre
La vie de Ressons-le Long, comme celle de la plupart de nos villages, se modelait sur l’activité des fermes grandes ou petites. Juste après la guerre, on manquait de chevaux mais les petits tracteurs à chenilles proposées par les Américains (il y en avait un chez les Lucot, les Jolly, les Sarrazin…) n’eurent guère beaucoup de succès et les fermiers leur préférèrent de bons vieux ânes avant de retrouver leurs chevaux.
La ferme de la Montagne était de loin la plus importante avec ses vastes bâtiments, ses 450 hectares de terres cultivables, ses neuf attelées de (quatre) chevaux et ses six attelées de bœufs. Prés de cinquante personnes y travaillaient. Les charretiers, les bouviers, les valets de cour, les journaliers… et tous ces hommes et femmes qui étaient à tache. Tout se faisait à la main : l’échardonnage, le binage et l’arrachage des betteraves… Il fallait moissonner avec les faucheuses, disposer les gerbes en tas, les enlever à la fourche, les mettre en meule puis battre le blé sous l’œil du père Oscar, entasser la luzerne sur les perroquets… nourrir les chevaux avec de l’avoine aplatie et les bœufs avec de la pulpe mélangée à la menue paille, mener les bêtes à l’abreuvoir… Les journées commençaient à 6 heures du matin et se prolongeaient en été jusqu’à vingt heures.
Dés la fin du mois de septembre, on mettait la distillerie en marche pour une bonne centaine de jours. Des saisonniers flamands y prenaient des postes par quatre hommes et pour douze heures sous la surveillance de M. Gosselet et d’un « gabelou » du service des alcools. A raison de 40 tonnes par jour, les betteraves étaient lavées et passaient dans des macérateurs où le jus se chargeait de sucre que l’on distillait pour obtenir de l’alcool. Pendant une campagne, la chaudière à vapeur avalait allégrement ses 300 tonnes de charbon que l’on remontait du port de Vic. Régulièrement, la calebasse plombée descendait sur un chariot jusqu’à la gare de Vic où l’alcool était transvasé dans des wagons citernes.
Les jours de congé étaient rares dans l’année et c’est pourquoi la Saint-Eloi représentait toujours une grande fête le 1er décembre. Après messe célébrée par l’abbé Gosset, on faisait ripailles jusqu’à une heure avancée de l’après-midi.
Et l’on vivait au rythme des saisons, des années… jusqu’au jour où la guerre se déclencha à nouveau.



RESSONS-LE-LONG : Un village se raconte, La guerre et la résistance (6)
Alors que la vie au village et le travail dans les fermes allaient bon train (voir notre volet de samedi dernier), la déclaration de guerre en septembre 1939 et la mobilisation des hommes jetèrent la consternation dans Ressons. Dés le 16 mai 1940, l’on fut encore plus prés de la guerre en voyant les premiers soldats battre en retraite et plusieurs familles durent se résoudre à rejoindre les longues files de l’exode vers le sud. Le samedi 18 mai, quelques bombes d’avion tombèrent dans les champs proches et, le lendemain matin, plus d’une vingtaine d’avions bombardèrent le quartier de la gare. Aussi, dés le 20 mai, tous les habitants reçurent l’ordre d’évacuer.



Tandis que, à partir du 1er juin, le 170e R.I. et le 21e bataillon de chasseurs alpins tenaient les crêtes pour opposer une courageuse résistance à l’ennemi, la 98e division motorisée entra dans Ressons le 8 juin à 18 heures. Les Allemands transformèrent alors l’église en ambulance chirurgicale avant que leurs vagues d’assaut, appuyés par l’artillerie, ne repoussent les Français jusqu’à Pouy dans la nuit. Les combats furent courts mais coûtèrent

la vie à treize soldats du 170e et six maisons furent totalement détruites tandis que quinze autres et le toit de l’église étaient très endommagés.

C’est ce spectacle que découvrirent les habitants de Ressons qui rentrèrent au village dés le mois d’août 40… pour y faire connaissance avec l’occupation, les problèmes de ravitaillement et de prix trop élevés, le marché noir… Le 18 février et le 1er mars 41, des cérémonies eurent lieu pour la réinhumation des soldats tombés en juin 40. On vivait dans la guerre en essayant de l’oublier si bien que l’abbé Gosset se plaignait d’une baisse de moralité chez les jeunes qui fréquentaient les bals clandestins.

Le 13 septembre 1942, Ressons, et plus particulièrement l’orphelinat de Mainville, fut le théâtre de la fête de la terre et du travail rural. Autour des groupes de la JAC, plus de deux mille personnes assistèrent à la messe des paysans, puis au pique-nique et au défilé de chars (la pomme de terre de Montigny, les abeilles de Morsain, la betterave de Nouvron, le jardin familial de Vauxbuin, la laiterie de Berny et les artisans de Vic). Ensuite, chaque groupe interpréta un numéro sur le travail de M. Georges Ferté, syndic cantonal, présenta la jeunesse rurale du canton et lui demanda de s’unir pour le relèvement de la France.



Des armes pour la résistance



Pendant ce temps, tous ceux qui n’acceptaient pas le joug nazi, à l’image de la grand-mère Lemadre qui n’hésitait pas à apostropher les Allemands par un « tu vas l’avoir ma canne ! », nombreux fut ceux qui entrèrent dans la résistance en adhérent à l’OCM 138.

André Lajoie, qui refusa d’aller au STO, fut l’un de ceux-là. Champignonniste en carrière dans la semaine, travaillant chez M. Sautillet à Ambleny le week-end, il entra en contact avec Gabriel Cochet dés la fin 42 début 43. C’est ainsi qu’il prit la direction du 2e groupe du poste de commandement avec les trois équipes de Roger Milcent, Jean Lajoie et Henri Véron. Et les Amour Brousmiche, Roland Camus, Jean Trinquart, Lucien Véron, Roland et Roger Benoît, Claude Anty, Maurice Jardez… furent de la partie tandis que Roger Carrier était à la tête du premier groupe qui comptait cinq équipes de Vicois.

Pendant des mois, en se réunissant dans les carrières, ces membres de l’OCM 138 travaillèrent dans l’ombre pour collecter et transmettre des renseignements puis pour réceptionner les trois parachutages qui eurent lieu sur la terrain Guignol de Nouvron les 5 avril, 9 mai et 12 juin 1944. Les armes étaient en effet réparties dans de nombreuses caches dont les carrières de Ressons où M. Lajoie était chargé de leur surveillance. Ces dépôts furent d’ailleurs à l’origine d’un malentendu avec les FTP. Car même après l’arrestation de Eugène et Norbert Morice en 1942 (ils avaient récupéré des armes pour les cacher), la section FTP du secteur ne resta pas inactive. C’est ainsi que les pistolets et les mitrailleuses parachutés pour l’OCM et descendus dans la carrière de Vaux Gousset par un trou d’aération avaient été découverts grâce aux traces de pas laissés dans un champ de pomme de terre rendu boueux par les pluies. Après un enquête menée vivement par l’OCM auprès des FTP, les containers furent retrouvés sous un tas de fumier en haut de la Vache Noire et les armes furent alors enfouies dans une fosse chez André Lajoie au Montois.



Deux aviateurs anglais



Mais M. Lajoie ne se contenta pas de surveiller les munitions. Pour lui et son épouse, cette guerre leur a donné l’occasion de nouer une solide amitié avec un aviateur anglais qu’ils recueillirent.

Dans la nuit du 22 au 23 avril 44, après un bombardement sur Laon, plusieurs appareils de la RAF furent abattus par un chasseur allemand. Un Stirling s’écrasa à Viviéres (tout l’équipage y repose au cimetière), un Lancaster à Autréches (un seul survivant fut recueilli à Morsain) et un autre Stirling à Pouy. De cet appareil, trois aviateurs eurent la vie sauve en sautant en parachute.

« Le ciel était en feu, raconte Mme Lajoie, et vers les 2 heures du matin, on a entendu frapper ». La porte de cette première du marais de Saint-Georges s’est alors ouverte prudemment car on parlait d’arrestations. Mais quand Harry Fisher, qui était tombé au trou Cacal prés de la ligne, eut dit « Parlez-vous anglais ? », il fut vite rentré, réconforté et soigné car les cordes de son parachute l’avaient à moitié étranglé et il vomissait du sang. « Henri Véron est venu nous aider à traduire ce qu’il disait. Le jour, on le conduisait à la carrière avec une lampe à carbure puis on l’a caché dans une autre grotte avec Mac Phee qui était tombé au Chatelet.

Mais le hasard voulut que le troisième aviateur, le navigateur « atterrisse chez les Lajoie. Tombé au marais de la Noix prés de chez M. Rigaux, Harry Bossick, s’étant foulé la cheville et ayant perdu une botte avait été ramené en brouette chez les Bernier qui l’avaient caché pendant huit jours. La résistance l’ayant appris, il fut pris en charge par M. et Mme Lajoie et soigné par le Docteur Marichez. Il avait cousu ses galons dans la doublure car il était juif d’origine polonaise. Il a scié du bois même si ça lui était « dur au bras », il a appris à marcher à notre fils. Il est même allé chez le coiffeur à Soissons en side-car avec Claude Anty. Le jour où M. Cochet lui appris que son commandant était mort, il a eu beaucoup de peine et a dit : C’était un Dieu pour moi ! Ca a été très dur ! »

Les trois aviateurs ont ensuite été regroupés à la carrière à Manon puis emmenés par M. Cochet et Mme Preux de Morsain qui se chargèrent de les faire passer en Angleterre via l’Espagne par une filière. Après la libération, on fêta les premières retrouvailles à Morsain mais, depuis, Harry et son épouse Lily qui vivent en Californie, correspondent avec M. et Mme André Lajoie qu’ils viennent voir régulièrement. Et chaque fois, en arrivant, Harry s’exclame « Ici, c’est mon maison » !



La Libération proche



Hélas, la guerre ne fut pas toujours un aussi « beau roman ». Après l’arrestation de Gabriel Cochet en juin 44, les membres de l’OCM passèrent plus d’une nuit dans les carrières en attendant la libération. Et celle-ci provoqua quelques drames. Dés la fin d’août, les convois allemands qui battaient en retraite furent bombardés et les fossés de la nationale 31 étaient jonchés d’épaves. Le 30, les officiers de deux véhicules demandèrent leur route à Mme Lajoie qui les envoya vers Vic mais il durent rejoindre Nouvron et furent certainement de ceux qui tuèrent Claude Demory.

Le 31, après avoir tenté d’aller à Vic avec son vélo, André Lajoie partit à Soissons en passant par Gorgny. Là, il vit les premiers américains et, à l’hôtel de ville, on lui confia un message qu’il porta à Nouvron au nouveau chef de l’OCM, Henri Brique. De retour à Ressons, avec ses camarades, il fit prisonnier un petit groupe de soldat ennemis qui, après avoir passé la nuit en carrière, furent transférés dés le lendemain matin à Soissons. Trois autres Allemands connurent un sort moins heureux. Faits prisonniers à la ferme du Poulandon alors que leur mitraillette était s’était enrayée, ils furent ramenés à la mairie et aussitôt fusillés dans la cour de l’école le 1er septembre vers 11 heures. L’exaspération de beaucoup ne put être tempérée par les appels à la raison car on venait de découvrir le drame du Bois des Châssis. C’était la guerre dans toute son horreur !



Le drame du Bois des Châssis



Ce 31 août, une petite unité allemande se dissimula avec trois chars dans la Bois des Châssis et posa des mines sur la nationale. John Callifus, militaire américain qui s’était aventuré là, fut le premier à être capturé et exécuté. Dans l’après-midi, un homme vêtu de l’uniforme américain se serait alors présenté à Soissons pour demander un renfort afin de protéger les abords du pont de Vic. Etait-ce un Allemand ? Toujours est-il que les quarante résistants qui partirent de la caserne Gouraud dans un camion furent pris sous un tir croisé de mitrailleuses dés qu’ils arrivèrent en vue du Bois des Chassis. Ce fut le massacre. Charles Perdini, René Mailler, Florentin Démaret et Jean Zunino furent tués. A Soissons, le capitaine Lepape (alias Pie XII), qui voulut savoir ce qui se passait envoya les lieutenants Muller et Devillers (celui qui était originaire de Ressons). Mais eux aussi tombèrent dans la souricière et furent fusillés. Trois résistants vicois, Lucien Damy, Jacques Blin, Pierre Roger, ainsi qu’une jeune femme Yvette Rousseaux, qui venaient de passer l’Aisne pour rejoindre l’OCM à Ressons, subirent le même sort. Quant à Edouard Ricard, il fut capturé et exécuté alors qu’il se rendait à pieds à Jaulzy pour avoir des nouvelles de ses parents.

Vers 1 heures du matin le 1er septembre, les assistants nationaux du devoir organisèrent les secours. Mis en garde à Pontarcher par Mme Ricard et M. Bégne, les secouristes de Mlle Basquin s’avancèrent prudemment avec leurs trois véhicules. Mais dans le virage, la première ambulance sauta sur une mine et le brancardier Le Mao fut mortellement touché tandis que Mme Demilly et M. Couturier étaient grièvement blessés. Ils furent aussitôt emmenés à Soissons où le Docteur Roy ne put rien faire pour sauver Le Mao. Pendant ce temps, les résistants de Ressons, alertés par la troisième ambulance, découvraient le triste spectacle dû à la sauvagerie de nazis qui n’admettaient pas leur défaite sans faire taire leur bas instinct de vengeance.

Alors que les premiers Américains avaient franchi la nationale à Pontarcher le 31 août (non sans qu’un de leurs véhicules ne saute sur une mine), les troupes alliées qui étaient restées sur le chemin des Bords pendant la nuit, libérèrent le village dans la journée du 1er septembre.

Dans l’année qui suivit, pour perpétuer le souvenir des treize fusillés du Bois des Chassis, Mlle Basquin réussit à faire ériger un petit monument sur un terrain donné par M. Camus et la stèle fut inaugurée le 1er septembre 1945 en présence de nombreuses personnalités dont M. Vaugon, sous-préfet, des détachements américains et du 67e R.I., M. Thévenin, maire de Ressons, M. Marsaux, maire de Vic…

Il ne restait plus qu’à f^ter, le 7 octobre le retour des prisonniers et reconstruire le pays



RESSONS-LE-LONG : Un village se raconte, De la libération à nos jours (7)
Après la découverte, au matin du 1er septembre, du drame du Bois des Châssis, qui marqua la libération du village, Ressons-le-Long attendit patiemment la fin de la guerre et le retour des quelques vingt prisonniers dont le premier ne rentra qu’au début d’octobre 1945. Le 7 octobre, ce fut alors la fête du retour avec la messe, une cérémonie au monument, un vin d’honneur et le banquet des prisonniers suivi d’un grand bal animé par une vente aux enchères à l’Américaine.

Paul Thévenin, qui avait été élu maire en 1941 après le décès d’Alphonse Jolly, fut réélu le 19 mai 1945, puis le 26 octobre 1947, malgré la liste d’opposition menée par Raymond Lefranc, membre du parti communiste et futur député de l’Aisne en 1956. En 1953, Paul Thévenin céda son fauteuil de maire à Marc Ferté, son adjoint depuis 1945. M. Marc Ferté devait alors diriger la commune pendant trente années alors que des listes d’opposition ouvrière se présentèrent contre lui en 65, 71 et 77. Président du syndicat des eaux dés sa création en 1959, président du syndicat scolaire en 1978, M. Marc Ferté ne sollicita pas le renouvellement de son mandat en 1983. La tâche de premier magistrat de Ressons fut alors confiée à M. Pierre Meyssirel qui fut élu dés le premier tour des élections de 1983 avec tous ses colistiers de l’Union pour une gestion démocratique. M. Pierre Meyssirel n’était guère un inconnu à Ressons puisqu’il exerçait comme instituteur depuis le 1er octobre 1945 (le seul poste qu’il occupa jusqu’à sa retraite en 83) et comme secrétaire de mairie depuis 1947.



Un orphelinat agricole s’étant installé dans le château de Mainville pendant la guerre, les effectifs scolaires passèrent à 108 élèves pour deux classes ce qui conduisit le conseil à demander la création d’une troisième classe en aménageant l’ancien logement du garde-champêtre. A la rentrée de 1945, Mme Mariolle se chargea donc d’une classe enfantine qui fonctionna dans ce local au centre du village, local que la commune acheta en 1951, pour le transformer en salle de classe avec sanitaires, logement d’institutrice et préau avant de l’inaugurer le 14 juin 1953. Mme Gisèle Martin, avec l’aide d’une femme de service y accueillit les enfants dés l’âge de 4 ans, avant d’organiser la rentrée 80 dans la nouvelle école maternelle construite dans le cadre du syndicat scolaire Ressons-le-Long – Montigny-Lengrain. Mai dés 1954, le conseil municipal avait décidé d’aménager une seconde classe au rez-de-chaussée de la mairie en agrandissant le logement de l’instituteur à l’étage. Quant à la clôture de la cour, elle fut réalisée en 1962 tandis qu’on installa le chauffage central dans l’immeuble en 1972.







104 constructions en 40 ans



A partir de 1967, Ressons dut vivre à l’heure du remembrement, une opération qui fut terminée en 1971 et qui provoqua la suppression de quelques chemins dont la ruelle de Bordeaux ou les Multes. Par contre, d’autres voies furent créées comme le chemin de la Croisette ou remises en état en 1985 pour les rendre attrayantes aux promeneurs qui purent retrouver les charmes de la rue à l’eau ou des chemins prés de la Douïe.



Mais la population du village comptait 714 habitants en 1851, avait fortement diminué, puisqu’on ne dénombrait que 159 maisons en 1936. Aussi le conseil décida-t-il de construire un lotissement au lieu-dit « le Jardin Blanc » prés de la ferme de Poulandon. En 1964, dix lots furent mis en vente au prix de 2.50 à 350 F le mètre carré après que le fossé ait été busé. Puis les constructions s’étendirent le long du marais Saint-Georges et plus de 60 maisons furent édifiées dans les vingt dernières années. Ainsi, aujourd’hui, Ressons-le-Long compte à nouveau plus de 700 habitants.



Bien entendu, en même temps que cette extension, le village s’est modernisé avec l’installation de l’éclairage public dés 1960 par l’entreprise Chevalier, et l’extension du réseau en 1973, après que la commune ait adhéré au syndicat d’électricité en en 1962. La place de la mairie et celle de la Fontaine furent goudronnées. Des cabines téléphoniques furent installées prés de la place en 76 au Montois en 82. Le 9 janvier 1964, M. Sarazin et un employé communal effectuèrent le premier ramassage des ordures ménagères avant d’être remplacés par une entreprise spécialisée en 1979. A partir de 1965, l’Abribus que l’on avait construit sur la nationale 31 en 1959 devint inutile puisque le car passa dans le village et que l’on édifia un abri prés de la place en 1971.



La vache noire ne fait pas sécession



Crée vers la fin du XVIIIe siècle par Germain Asset qui y construisit une auberge à l’enseigne de la Vache Noire (auberge convertie ensuite en ferme et aujourd’hui la propriété de M. Procquez), la Vache Noire comptait six maisons (coté Ressons) en 1905 puis le hameau s’étendit dans l’avenue de la gare jusqu’à la chaussée Brunehaut. En 1956, le conseil municipal de Vic ayant émis un avis favorable à une demande de rattachement du hameau de la commune de Vic, l’émotion fut grande parmi la population de Ressons qui voulut résister « à cette annexion ». L’enquête de commodo et incommodo de 1958, comme l’avis de la commission syndicale élue en avril 1960 conduiront le ministre de l’intérieur à ne pas donner suite à la demande de rattachement, et Ressons conserva ses limites fixées depuis des siècles. Mais les enfants du hameau pourront continuer à fréquenter les écoles de Vic puisque la commune versa, depuis 1932, sa participation financière pour les frais de scolarité.

Cette idée de rattachement de la Vache Noire devait rebondir en 1972, lorsqu’un arrêté préfectoral proposa un plan de fusions et regroupements de communes, notamment pour Vic, Ressons, Montigny, Berny et Saint-Christophe. Un sondage effectué auprès des habitants prouva que 75% de la population de la Vache Noire était hostile au projet qui ne recueillit, d’ailleurs, pas plus de suffrages dans les autres villages. Pour sa part, le conseil de Ressons rejeta catégoriquement la fusion tout en souhaitant le resserrement et l’entente entre les municipalités pour rechercher un développement harmonieux de leur territoire.

Ce qui avait déjà été fait puisque les communes de Ressons, Berny et Saint-Christophe s’étaient réunies en un syndicat des eaux dés 1959, et que Vic y avait souscrit en 1966 avant que Montigny ne rejoigne le groupe en 1983 par M. Marc Ferté, le syndicat des eaux de la région de Vic dessert aujourd’hui plus de deux mille abonnés.



Une vie associative active



Peu après la guerre, une « Amicale de tir » fut mise sur pied dans le village, et ses 48 membres actifs (en 1949) se réunissaient le dimanche à partir de 15 heures (d’avril à novembre), pour participer à des concours avec les autres villages ou faire quelques cartons qui servaient à désigner en fin de saison le meilleur tireur. Ainsi, en 1949, M. Roger Carrier fut sacré champion avec un total de 249 points (maximum 250 !) sur ses cinq meilleurs tirs de l’année. Il fut suivi de peu par M. André Véron (246 pts). Alors qu le tir scolaire prenait de l’ampleur, la société connut quelques difficultés et cessa toute activité en 1955.

Quant au foyer rural crée en 1951, il proposa une excellente animation à tous les habitants de Ressons pendant dix-sept années. Des voyages aux grottes de Han (52), à l’exposition de Bruxelles (58), au Havre pour visiter le paquebot (59),… des films au ciné-club (plus de 20 en 52 dont « L’armoire volante », « Jody et le faon », des concours de belote, de ping-pong, des bals,… toutes ces manifestations étaient très prisées par les jeunes et les anciens qui en profitèrent pour distribuer des pot-au-feu aux personnes âgées, des mandats aux militaires,… et remettre en état la salle paroissiale, salle qui avait été aménagée par M. Henri Ferté.

Pour favoriser l’épanouissement des jeunes, la commune transforma aussi le terrain communal de Routy en terrain de sports. Les souches de peupliers furent enlevées, la terre nivelée en 1968. Un préfabriqué fut remonté et aménagé par des bénévoles dirigés par M. Henri Couvercelle en 1975, avant que l’éclairage ne soit installé en 1977.

Le presbytère construit en 1972 fut remis à la disposition de la commune, qui le transforma en un logement et une salle audiovisuelle, aujourd’hui utilisée par le club de loisirs du 3e age créé le 4 octobre 1974. Cette même année, le conseil décida d’acheter à Mme De Luze la salle paroissiale Saint-Georges qui, après avoir subi bien des changements pour la rendre plus attrayante, fut transformée en salle polyvalente inaugurée le 9 février 1985.

Ainsi, Ressons-le-Long a su se donner des moyens propres à attirer et à retenir tous ceux qui souhaitaient habiter à la campagne tout en y trouvant le confort et les loisirs d’un village animé.



Ce dossier « Ressons-le-Long se raconte » a été réalisé par M. Bernard Ruelle, en étroite collaboration avec MM. Pierre Meyssirel et Rémi Hébert. Mais nous remercions tout spécialement ceux qui nous ont apportés leurs témoignages ou prêté des documents, notamment Mmes Milcent, Balançon, Naranjo ; MM. Jean Courbet, Pierre Hanryon, Henri Ménard, Gabriel Cochet, Elie Chevalier, Norbert Morice, Grandjean. MM. et Mmes Josephe Mantaux, André Lajoie. Notes laissées par Mlle Basquin, l’abbé Gosset, MM. Marc Ferté, Michel Reddé, Emile Gaillard et Bernard Ancien.




Tombe du 8ème cuirassiers
  Située au sud de Ressons-le-Long, au carrefour de deux chemins de campagne, près de la ferme de la Montagne. Cette tombe en granit gris, dont les inscriptions sont difficilement lisibles, contient les restes de trois cuirassiers tombés le 4 juin 1918 : les maréchaux des logis Jaurand et Grivot et le 2ème classe Nogué. Ces trois hommes appartenaient au 8ème régiment de cuirassiers à pied et ont été tués à la ferme de Ressons.

Paul Jaurand était né le 31 octobre 1889 dans les Deux-Sèvres, Adolphe Grivot, qui venait du 11ème Dragons, le 18 février 1893 à Ivoy-le-Pré (Cher) et Paul Nogué le 18 avril 1891 à Esterre (Hautes-Pyrénées).


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